La toxicomanie est un trouble neuropsychiatrique qui cause un décès sur cinq au Canada.

La majorité des personnes qui consomment des drogues le font de manière récréative, contrôlée et non pathologique. Une minorité développera toutefois une dépendance. Les chercheurs connaissent les effets des drogues sur le cerveau, mais ils ne savent pas encore comment et pourquoi une personne, mais pas une autre, devient dépendante de ces substances.

Anne-Noël Samaha, professeure au Département de pharmacologie et physiologie de l’Université de Montréal, cherche à démystifier la toxicomanie. Plus spécifiquement, elle étudie la neurobiologie de la dépendance aux drogues stimulantes comme la cocaïne, la nicotine et les amphétamines.

Dans le cadre de ses travaux, elle utilise notamment des modèles animaux pour mieux comprendre les conditions qui font en sorte qu’une simple consommation évolue et progresse vers une dépendance. À cet égard, les rats de laboratoire peuvent en effet avoir certaines réactions qui concordent avec ce que l’on observe chez les humains.

En plus d’étudier leur comportement lorsqu’ils consomment des drogues, la chercheuse utilise une technique optogénétique, c’est-à-dire qu’elle manipule l’activité des neurones avec une lumière laser et une protéine sensible à la lumière pendant que l’animal est en train de rechercher des drogues dans son milieu. Elle cherche ainsi à établir des relations entre des circuits neuronaux et leur comportement en matière de consommation.

La professeure et son équipe ont identifié une région du cerveau qui semble impliquée – l’amygdale – et qui est généralement associée à l’anxiété et à la peur, mais qui agit aussi dans le système de récompense. Ainsi, lorsque les chercheurs augmentent l’activité des neurones de cette région pendant que l’animal est en quête de drogues, cela provoque une recherche accrue de cette récompense.

Cela pourrait-il signifier qu’un changement qui se produit dans l’amygdale pourrait contribuer à un comportement pathologique de recherche de récompense, qu’il s’agisse du jeu ou de drogues? D’autres études devront confirmer cette hypothèse, mais en attendant, ces observations donnent des pistes sur les circuits neuronaux à étudier chez l’être humain pour tenter de traiter les problèmes de toxicomanie.