Les groupes criminels tels que les gangs de rue préoccupent l’ensemble des intervenants du système de justice pénale.
Un traitement médiatique important, jumelé à une mobilisation policière accrue, a conduit à un flot important de demandes de prise en charge pénale (Bentenuto, 2008). Cette clientèle pose à la fois des défis en matière d’évaluation du risque, de gestion sécuritaire et de mise en place de programmes d’intervention adaptés et efficaces (Guay & Couture-Poulin, 2009).
La présente recherche rappelle à quel point l’évaluation du risque de récidive est un exercice difficile.
L’objectif général de la présente démarche de recherche était de développer les connaissances sur les facteurs associés à la récidive chez les membres de gangs de rue à la lumière du cadre de référence proposé par le modèle multidimensionnel développé par Guay et Fredette (2010). Dans ce cadre, les auteurs de crimes associés aux gangs ont été évalués sur 4 dimensions supplémentaires : le profil de leur délinquance antérieure, leurs tendances psychopathiques, leur adhésion à la culture de gang et la place qu’ils occupent dans le réseau criminel.
La recherche a permis de constater que l’évaluation du risque avec le LS/CMI (Level of Service/Case Management Inventory), un instrument permettant d’évaluer les personnes contrevenantes, offre d’excellentes performances pour prédire la récidive. Pour sa part, l’Inventaire des risques et besoins criminogènes (IRBC) n’a pas été en mesure d’offrir les performances généralement attendues d’un tel instrument. Les autres facteurs proposés par le modèle multidimensionnel ont montré leur lien avec un risque accru de récidive. Toutefois, il n’en demeure pas moins que leur apport par rapport à une mesure traditionnelle du risque demeure modeste.
La présente recherche rappelle clairement à quel point l’évaluation du risque de récidive est un exercice difficile, et c’est d’autant plus vrai avec des populations particulières. Elle réaffirme l’idée que les personnes responsables de l’évaluation et de l’intervention auprès des personnes contrevenantes doivent recourir aux instruments les plus robustes et les mieux validés pour prendre des décisions aussi importantes que la recommandation pour la remise en liberté, l’intensité de la surveillance, l’ampleur des mesures d’intervention à déployer et les cibles d’intervention à préconiser.
Chercheur principal
Jean-Pierre Guay, Université de Montréal
Dépôt du rapport de recherche : mars 2015