Le bien-être des employés du secteur de la santé est devenu une préoccupation grandissante. Les gestionnaires de ce milieu font aussi face à des enjeux en matière de santé psychologique. Plus encore, le niveau de détresse de ces personnes influencerait leur capacité à bien exercer leur leadership. C’est ce que démontrent les travaux de Marie-Hélène Gilbert, psychologue organisationnelle et professeure titulaire au Département de management de l’Université Laval.

En sondant plus de 500 gestionnaires du secteur, la chercheuse a pu constater la prédominance d’une culture organisationnelle orientée vers l’atteinte d’objectifs, d’indicateurs et de résultats, une culture compétitive. Or, le choix de valeurs plutôt axées sur l’humain, sur la collaboration et sur la participation des individus (culture de groupe) améliore la santé psychologique de ce personnel. Cette disposition favorise également un leadership transformationnel, centré sur une vision commune, l’engagement des individus et leur développement. Lorsque les gestionnaires vivent de la détresse psychologique au travail, ils ont tendance à adopter un style de leadership plus transactionnel, c’est-à-dire orienté vers l’atteinte des objectifs de l’organisation, ainsi qu’un style laissez-faire, caractérisé par l’absence de soutien et de disponibilité envers leurs équipes.

La santé mentale des employés, observe la chercheuse, passe notamment par une saine culture organisationnelle, dans laquelle des gestionnaires heureux sont en mesure d’assurer un bon leadership. Autre constat : la santé mentale est particulièrement importante en contexte de crise. Au début de la pandémie de COVID-19, Marie-Hélène Gilbert a suivi pendant huit semaines une quarantaine de gestionnaires de la santé pour répertorier les stratégies mises en place afin de soutenir leurs équipes et de protéger leur propre santé mentale. En plus de constituer des occasions d’échanges et de soutien entre pairs, les rencontres de suivi ont révélé que les compétences de leadership et de supervision étaient prioritaires. Les gestionnaires témoignèrent du besoin d’être davantage sur le terrain, auprès de leurs équipes, de prendre le temps de les consulter et de leur expliquer le plus possible les décisions. L’identification de ces stratégies auxquelles les gestionnaires pourraient se reporter a confirmé l’importance pour eux de développer ses compétences de leader, une aptitude encore plus cruciale en situation de crise.

Sources :

https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1237775/full

https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2022.986980/full