Mireille Elchacar

Mireille Elchacar

Professeure de linguistique, Université Téluq

Publication primée : Présence et traitement des appellations génériques des peuples autochtones du Québec dans les dictionnaires de langue française

Publiée dans : Revue LINX / Revue des linguistes de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défence

Résumé :

Depuis quelques années, au Québec, on assiste à des changements dans les dénominations générales employées pour désigner les peuples autochtones. Des membres des communautés autochtones ont pris la parole pour nommer les appellations à privilégier (« Autochtone », « membre des Premières Nations ») et expliquer pourquoi les autres ne leur conviennent plus (« Indien », « Amérindien »). Cet article rend compte du traitement lexicographique des dénominations générales des peuples autochtones du Québec. Est-ce que le traitement lexicographique informe l’usager sur les précautions d’usage et les connotations nouvelles entourant ce vocabulaire? L’analyse tient également compte du lieu de production des dictionnaires (France ou Québec) et de leur caractère professionnel ou non.

Le traitement lexicographique des dénominations génériques des peuples autochtones du Canada diffère grandement d’un ouvrage à l’autre. De manière générale, les dictionnaires produits en France n’ont pas mis à jour le traitement de ce vocabulaire à la lumière de l’évolution des sensibilités; ce constat s’ajoute au fait qu’ils peinent en général à offrir un traitement lexicographique satisfaisant pour un public québécois. On en arrive au même constat pour le Multidictionnaire, même s’il est conçu au Québec. Parmi les dictionnaires profanes, le Wiktionnaire se démarque par l’ampleur des informations fournies et son nombre important de rubriques.

Le Usito et le GDT tirent leur épingle du jeu, particulièrement en ce qui concerne la nomenclature et le traitement définitoire. Le fait qu’ils ne sont pas publiés en version papier leur permet de répondre aux critiques et de réagir plus rapidement à l’évolution des mœurs. Le dictionnaire qui tient le plus compte des divers aspects sensibles des mots à l’étude est le Usito, qui est pourtant celui qui avait essuyé des critiques dans les médias pour son traitement de ce vocabulaire.

La mise en ligne des dictionnaires ayant réduit les contraintes d’espace, les dictionnaires pourraient envisager d’accompagner d’une marque les renvois vers des usages vieux ou péjoratifs pour les vocabulaires sensibles.