Le Canada vise la cible zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050. Mais comment atteindre cet ambitieux objectif de carboneutralité ? Principalement en prenant des mesures sur le plan de la production et de la consommation d’énergie, deux aspects qui peuvent être évalués à l’aide de modèles énergétiques dits « technico-économiques ». Ces derniers détaillent l’ensemble du secteur énergétique avec ses différentes formes d’énergie (pétrole, bioénergies, électricité, etc.) et technologies associées, afin d’identifier des stratégies qui permettraient d’éviter ou de séquestrer les émissions de GES.
Au fil du temps, les chercheurs du Groupe d’étude et de recherche en analyse de décisions (GERAD) ont développé plusieurs versions de tels modèles, en suivant, en particulier, l’approche TIMES élaborée au sein de l’Agence internationale de l’énergie. TIMES correspond à un programme mathématique de grande taille – constitué de millions de variables et d’équations – qui, une fois résolu, permet de cibler les scénarios de réduction des GES les plus efficaces sur le plan économique et le moment optimal pour les mettre en œuvre.
TIMES correspond à un programme mathématique qui permet de cibler les scénarios de réduction des GES les plus efficaces.
Le GERAD a notamment conçu un premier TIMES adapté au contexte canadien (TIMES Canada), que la société ESMIA Consultants, fondée par Kathleen Vaillancourt, une entrepreneure formée au GERAD, a ensuite repris pour en faire une version nord-américaine appelée NATEM. ESMIA l’utilise pour conseiller des entreprises et le gouvernement; par exemple, en collaboration avec l’Institut de l’énergie Trottier et Olivier Bahn, professeur au Département de sciences de la décision de HEC Montréal et directeur du GERAD, elle exploite le modèle pour élaborer des perspectives énergétiques canadiennes. Ainsi, le dernier rapport, publié en 2018, souligne l’importance de l’électrification et du déploiement des bioénergies pour atteindre des cibles ambitieuses de réduction des GES au Canada.
ESMIA et Olivier Bahn utilisent également NATEM dans le milieu universitaire, par exemple, pour évaluer la pertinence économique et écologique d’un nouveau matériau de construction élaboré à l’Université McGill pour remplacer le ciment.