Les terres rares, qui entrent dans la fabrication de nombreux appareils électroniques, sont de plus en plus en demande. Or, on connaît peu les risques que posent leur extraction et leur fin de vie pour la santé de l’environnement.

Claude Fortin, professeur au Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et codirecteur d’Ecotoq, un regroupement stratégique financé par le FRQNT, a voulu mieux comprendre l’impact des terres rares, qui sont présentes partout dans la nature, sur deux espèces d’algues d’eau douce. Ces petits organismes unicellulaires jouent en effet un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire, la séquestration du CO2 et la production d’oxygène.

Avec des collègues de l’UQAM et de l’Université de Montréal, le professeur Fortin a voulu vérifier la biodisponibilité de deux terres rares, c’est-à-dire leur capacité d’être assimilées par les algues et d’avoir un effet toxique. Pour ce faire, ils ont examiné le cérium et le lanthane, deux terres rares parmi les plus abondantes sur Terre.

Les scientifiques ont voulu vérifier si celles-ci trompaient les algues pour s’introduire par les mêmes mécanismes que les minéraux essentiels. Ils ont d’abord soupçonné le fer, un élément qui a la même charge que les terres rares. Ils ont émis l’hypothèse que l’ajout de fer aurait un impact sur l’assimilation des éléments rares par les algues, mais cela ne s’est pas avéré.

Tels de véritables détectives, les chercheurs ont poursuivi leur travail par élimination et ont conclu que l’aluminium ne partageait pas non plus une voie d’entrée commune avec les terres rares. Ils ont également constaté que la composition de l’eau et son PH jouaient sur la biodisponibilité du cérium et du lanthane.

Ces travaux qui se poursuivent permettront à terme d’élucider les mécanismes d’absorption des terres rares par ces petits organismes et ainsi, d’informer Environnement et Changement climatique Canada et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, responsables de la réglementation et de la mise en place des seuils de toxicité.