J’espère que vos vacances d’été ont été profitables et reposantes, et que la rentrée se déroule bien malgré la pandémie. Le retour en personne sur les campus universitaires et dans les collèges doit faire le plus grand bien! Souhaitons-nous que la quatrième vague avec le variant Delta soit courte, moins menaçante pour notre santé et moins contraignante pour mener nos activités professionnelles et personnelles. Du côté des Fonds de recherche du Québec (FRQ), le retour en présentiel – du moins en partie, car le télétravail fera dorénavant partie de nos pratiques –, qui était prévu au début de ce mois, a été repoussé à la mi-octobre. On se rapproche progressivement d’une certaine normalité. En ce qui me concerne, j’ai bien hâte de faire des interventions publiques directement devant un auditoire et non par l’intermédiaire d’un écran!
Depuis quelques mois, les travaux visant à dessiner la future Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI 2022) m’occupent amplement. Plusieurs rencontres avec les équipes du ministère de l’Économie et de l’Innovation et du Conseil de l’innovation ont été organisées pour discuter des enjeux et des orientations de la recherche et de l’innovation. Nous avons tenu compte notamment de plus de 233 mémoires et de quelque 1500 recommandations soumis par la communauté scientifique, la communauté étudiante, les organismes de diffusion, la société civile et le secteur privé. Vous avez répondu à l’appel en grand nombre, et je vous en remercie. Il est important que votre voix se fasse entendre pour amener le Québec plus loin sur le plan de la recherche et de l’innovation.
Dans le cadre des consultations de la SQRI, j’ai également co-animé avec l’innovateur en chef du Québec, Luc Sirois, six rencontres virtuelles régionales présidées par MarieChantal Chassé, députée de Châteauguay et adjointe parlementaire du ministre de l’Économie et de l’Innovation. Les directrices scientifiques des FRQ ont joué un rôle actif lors de ces séances qui ont réuni plus de 180 intervenants des quatre coins du Québec issus d’entreprises, du milieu de la recherche ainsi que de réseaux et d’organismes d’intermédiation. Les discussions ont porté sur les enjeux, obstacles et pistes de solutions de l’activité de recherche et d’innovation dans les régions du Québec.
De la SQRI aux planifications stratégiques des FRQ
La période estivale s’achevant, les travaux de consultation et d’analyse ont repris. Ils conduiront à la tenue, à la mi-novembre, de la Grande rencontre sur la recherche et l’innovation, sous la présidence du premier ministre du Québec, François Legault : deux journées de présentations, d’échanges et d’ateliers de coconstruction pour préciser les orientations, thématiques et possibles moyens d’action de la future SQRI.
D’ici là, une journée de consultation avec les directeurs et directrices des regroupements de recherche soutenus par les FRQ se tiendra le 10 septembre en mode virtuel, afin de discuter des enjeux et défis de la recherche et des avenues à envisager pour les prochaines années. Cette journée alimentera la future SQRI du point de vue notamment de la recherche libre et fondamentale. Il est important de réitérer l’importance et la pertinence de cette recherche, qui représente le moteur de l’avancement des connaissances et de la découverte, et, à terme, de l’innovation, laquelle se révèle essentielle pour un développement économique et social durable et responsable de l’environnement. Il va sans dire que ce sera également l’occasion de se pencher sur la planification stratégique des FRQ.
Divers sondages, ateliers et consultations numériques auprès du grand public sont aussi prévus pour mieux identifier les enjeux et besoins de la recherche et de la société qui définiront nos grands axes en lien avec les mandats des FRQ : soutien à la relève, à la recherche et à la mobilisation des connaissances, et développement de partenariats. Je vous encourage vivement à participer à nos consultations pour que nos orientations et interventions correspondent le mieux possible à vos besoins et vos préoccupations.
Par exemple, la question d’un meilleur soutien à la relève étudiante, que ce soit par l’augmentation du nombre et de la valeur des bourses, ou la bonification de l’offre de formation transversale, en entrepreneuriat, se posera dans le cadre de nos travaux. Tout comme celle des grands défis de société – développement durable et changements climatiques; changements démographiques et vieillissement de la population; entrepreneuriat et créativité – qui mobilisent les FRQ depuis quelques années par la voie de la recherche intersectorielle.
Dans l’élaboration de nos planifications stratégiques, nous devrons considérer les enjeux que représentent le libre accès aux revues, les collaborations internationales, les principes d’équité, de diversité et d’inclusion en recherche, l’accès aux données pour des fins de recherche, les pratiques émergentes en recherche, et enfin, le lien science et société.
Nous tiendrons également compte des objectifs de développement durable (ODD) 2030 de l’ONU, et ce, dans la foulée de la journée de réflexion que j’ai tenue le 23 juin dernier, à laquelle ont pris part des représentants issus des milieux de la recherche, gouvernemental, communautaire et de la société civile. Cette journée riche en échanges visait notamment à identifier trois ODD prioritaires, parmi les 17 de l’ONU, que les FRQ intégreraient dans leurs planifications stratégiques. Tout en étant conscient que les ODD sont reliés les uns aux autres, cet exercice de priorisation demeure nécessaire, quoique difficile. L’idée ici est de voir comment les FRQ et la communauté scientifique peuvent aider le Québec, et plus largement le Canada, à atteindre les ODD. Tout comme ce fut le cas avec les trois grands défis de société identifiés dans nos dernières planifications stratégiques, l’accent sur les ODD nécessitera des budgets supplémentaires.
Une autre étape importante dans les travaux de planification stratégique sera la Journée des trois conseils d’administration des FRQ, qui aura lieu le 21 septembre en mode virtuel. Il y sera question des enjeux et problématiques de l’écosystème de recherche, des priorités d’action et des changements souhaités pour y répondre. Sont prévues une période d’échange entre les membres des conseils d’administration et le ministre de l’Économie et de l’Innovation, et une autre avec la ministre de l’Enseignement supérieur.
Une conférence internationale sur le conseil et la diplomatie scientifiques sous le leadership du Québec
Du 30 août au 2 septembre se tenait à Montréal, en formule hybride et sous ma responsabilité, la 4e édition de la Conférence internationale en conseil scientifique aux gouvernements (INGSA 2021). Plus de 2000 personnes d’environ 130 pays étaient inscrites pour écouter et échanger sur différents sujets, notamment sur les expériences en matière d’avis scientifiques aux gouvernements réalisées lors de la crise sanitaire. Ces discussions nous ont éclairés sur la manière d’améliorer nos façons de faire et de mieux répondre à d’autres défis de société, comme les changements climatiques, le développement technologique, les catastrophes naturelles, environnementales ou sanitaires. Les échanges sur l’enjeu de la confiance dans la science, dans nos institutions et dans la démocratie, face au phénomène de la désinformation qu’a exacerbé la crise sanitaire, ont aussi été fort stimulants.
Lors de cette conférence, je suis devenu officiellement le nouveau président de l’INGSA pour un mandat de deux ans. Ce mandat prend d’autant plus d’importance à mes yeux alors que la crise sanitaire mondiale a mis au jour la pertinence, ici comme ailleurs, de l’expertise scientifique et du rôle de la science et de la recherche dans la prise de décision, et ce, à tous les niveaux de gouvernement – national, régional et local (municipalité). Il est primordial que nos élus et hauts fonctionnaires aient la meilleure compréhension possible de divers enjeux de société, dans les limites du savoir scientifique et des données probantes disponibles, pour que leurs interventions soient des plus adéquates. Je vais poursuivre le travail de mes prédécesseurs dans ce sens, tout en mettant l’accent sur l’apport de la science en matière de diplomatie. Je suis convaincu que la réponse aux grands défis de société exige des collaborations scientifiques et diplomatiques, particulièrement une diplomatie scientifique. Les valeurs scientifiques que sont la rationalité, la transparence et l’universalité peuvent soutenir les efforts diplomatiques.
Enfin, à l’occasion de la journée francophone de la Conférence, j’ai eu le plaisir d’annoncer le lancement du Réseau en conseil scientifique dans la francophonie. Sous l’orientation d’un comité présidé par Lassina Zerbo, originaire du Burkina Faso et secrétaire exécutif émérite de l’Organisation du traité d’interdiction complet des essais nucléaires, ce réseau encouragera les conseillères et conseillers scientifiques francophones de tous les horizons à partager leurs pratiques et à développer les capacités au sein de leurs communautés. Un appel de propositions sera lancé d’ici quelques mois, afin de sélectionner les titulaires qui développeront et animeront le réseau, lequel sera reconnu comme une des divisions de l’INGSA.
Je vous souhaite une très belle rentrée universitaire et collégiale, et j’espère pouvoir vous rencontrer, en virtuel et surtout en présentiel, au cours de la prochaine année.
Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec