Chercheuse : 
Drolet, Marie-Josée

Établissement : 
Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Année de concours : 
2021-2022

À l’instar d’autres professionnels de la santé, les ergothérapeutes, c’est-à-dire les professionnels de l’habilitation aux occupations, vivent des enjeux éthiques dans le cadre de leur pratique professionnelle. Or, tandis que les enjeux éthiques que pose la pratique de la médecine et celle des sciences infirmières sont relativement bien documentés dans la littérature, tel n’est pas du tout le cas des enjeux éthiques que pose la pratique de l’ergothérapie. Tenant compte que les enjeux éthiques de la pratique ergothérapique se distinguent à maints égards de ceux vécus en médecine et en sciences infirmières et que le défaut d’adresser sérieusement ces situations, qui mettent en péril le respect de valeurs éthiques importantes, a des conséquences négatives sur les ergothérapeutes eux-mêmes (détresse éthique et épuisement professionnel), sur les patients (souffrance, augmentation de leur inconfort ainsi que diminution de la qualité et de la quantité des soins prodigués) et sur les organisations pour lesquels ils travaillent (roulement élevé du personnel, diminution de la qualité des soins et faible satisfaction des patients), il importe de documenter ces enjeux et de développer des ressources éthiques pouvant les soutenir, leur équipe et organisation dans la résolution de ces enjeux complexes.

Cette programmation de recherche comprend 2 axes et 6 études. Le 1er axe a pour objectif de documenter et d’analyser les enjeux éthiques vécus par des ergothérapeutes dans 4 domaines distincts de la pratique (pratique auprès d’aînés, pratique auprès d’enfants, pratique de la gestion dans des organisations de santé et pratique dans le contexte de l’arrivée croissante de réfugiés climatiques). Le 2e axe a pour objectif de développer des ressources éthiques, soit des outils d’aide à la réflexion éthique, pour soutenir l’agir éthique des ergothérapeutes, de leur équipe et organisation dans deux domaines de la pratique (la pratique de la recherche académique en ergothérapie et la pratique clinique auprès d’aînés pour soutenir leur bientraitance organisationnelle et celle des intervenants). Les méthodes de recherche du 1er axe sont liées à un devis inductif de nature qualitative, soit un devis phénoménologique d’inspiration husserlienne. Concrètement, des entretiens qualitatifs ont été et seront réalisés avec des ergothérapeutes (plus d’une centaine) pour cerner les phénomènes scrutés suivant leurs expériences et perceptions. L’analyse des verbatim suivra les 5 étapes proposées par Giorgi pour appliquer la réduction phénoménologique husserlienne. Les méthodes du 2e axe permettront la co-construction des ressources équipes en s’appuyant, d’une part, sur les résultats d’une recension exhaustive des écrits suivant la méthode proposée par McCullongh et ses collaborateurs ainsi que sur les résultats d’études de l’axe 1 et, d’autre part, sur les vécus et savoirs expérientiels des 8 membres des comités de co-construction des ressources éthiques qui seront formés. Le développement des ressources éthiques s’appuiera sur les caractéristiques proposées par le modèle opérationnel integrated-Promoting Action on Research Implementation in Health Services (i-PARIHS). Cette programmation répond à un besoin criant de connaissances et de ressources éthiques en ergothérapie, car la profession accuse un certain retard en la matière comparativement à d’autres professions de la santé.