Chercheuse : 
Panagiotoglou, Dimitra

Établissement : 
Université McGill

Année de concours : 
2021-2022

Le Québec et les autres provinces Canadiennes font face à une épidémie de consommation de substances illicites. Entre 2016-2019, 15 393 Canadiens sont décédés des suites d’une surdose de drogues illicites. La consommation de substances illicites représente désormais plus de 12 milliards de dollars en coûts de soins de santé, perte de productivité et de justice pénale.

Les programmes de réduction des méfaits tels que les sites de consommation supervisée, les programmes de seringues et d’aiguilles et le traitement par agonistes des opioïdes sont conçus pour atténuer les conséquences négatives, physiques et sociales, de la consommation de drogues illicites. Ces interventions restent controversées, et ce, malgré les données probantes démontrant que certaines interventions réduisent la transmission du VIH, de l’hépatite C et la morbidité et la mortalité liées aux surdoses. De plus, des lacunes dans la littérature ne laissent pas transparaître les effets des interventions de réduction des risques dans des contextes, comme à Montréal, où la population est géographiquement diffuse, la consommation de drogue n’est pas dominée par les opioïdes, les services ne sont pas limités aux consommateurs de drogues injectables et où des sites mobiles sont proposés. Par ailleurs, les impacts de ce type d’interventions restent inconnus et potentiellement largement sous-estimés en ce qui concerne d’importantes séquelles additionnelles : lésions cérébrales anoxiques, infections de la peau, des tissus mous et vasculaires. Ne pas comprendre comment l’impact des interventions de réduction des risques varient dans divers contextes et l’exclusion de séquelles importantes des évaluations laisse leur mise en œuvre sujette à des caprices politiques plutôt que motivée par des politiques fondées sur des données probantes.

Mon programme de recherche vise à élever le corpus de preuves existant en abordant les limitations identifiées. J’utiliserai les ensembles de données administratives sur la santé les plus complets, les données de surveillance et cohortes disponibles pour:

1. Constituer une base factuelle concernant les séquelles liées à l’utilisation de substances illicites;

2. Conduire des évaluations rigoureuses et novatrices des interventions de réduction des méfaits récemment mises en œuvre; et

3. Étudier les conséquences imprévues des réactions des parties prenantes à l’épidémie de surdosage.

J’utiliserai une combinaison de devis d’études quasi-expérimentaux (séries chronologiques interrompues, différences de différences, discontinuité de régression) et d’analyses de régression pour isoler les effets indépendants des interventions de réduction des méfaits sur les séquelles. Ces résultats spécifiques serviront à paramétrer des modèles mathématiques sophistiqués afin de conduire des analyses coût-efficacité des interventions de réduction des méfaits. Mon programme de recherche permettra de quantifier le fardeau de santé réel de la consommation de substances illicites et fournira aux décideurs québécois et internationaux l’information indispensable à l’optimisation de la riposte aux épidémies locales de consommation de substances illicites.