Chercheuse : 
Mavrikakis, Catherine

Établissement : 
Université de Montréal

Année de concours : 
2021-2022

Ce projet de recherche-création a pour objectif d’étudier et d’expérimenter des représentations littéraires du crime comme manifestation de l’hybris, de manière à défendre le paradoxe d’une littérature éthique, pensée à la fois comme espace de sollicitude envers le monde et comme lieu de présences de figures du mal. Pour ce faire, nous nous intéresserons au cas des femmes criminelles ou déviantes que l’on retrouve en littérature. Ces figures qui repoussent les limites de la loi nous permettront une exploration, à travers des pratiques d’écriture, des potentialités du crime et du mal en littérature, ainsi qu’une reconfiguration de l’espace éthique qu’ils supposent. Là où l’un des buts  de la littérature est mémoriel et commémoratif, l’écriture du trauma est  conçue comme créatrice d’une « réappropriation inventive de l’expérience ».

Si la littérature est célébrée dans sa capacité à développer l’empathie, que l’écriture et la lecture permettraient la réparation de soi, et que la narration fonctionne comme un  lieu d’accueil des expériences, peut-on imaginer que les moyens pour parvenir aux bienfaits du littéraire ne soient pas uniquement dans la représentation du bien ? Des pratiques littéraires de l’éthique ne peuvent pas être simplement configurées selon des valeurs qui font appel au bon goût, à la bienveillance, aux bons sentiments ou encore à la morale.  Elles doivent aussi se donner comme risquées et  s’ attaquer à des valeurs sociales. Une telle attaque réside dans la possibilité que les textes littéraires répondent à l’idéologie dominante quelles que soient ses manifestations, avec violence, refus et transgression dans une relation non soumise » au contrôle et à l’homogénéité des contenus et des formes » (Adorno, 1962).