Chercheuse :
Fraser, Véronique
Établissement :
Université de Sherbrooke
Année de concours :
2021-2022
Ce projet de recherche a pour objectif d’élaborer des nouveaux modèles d’intervention en médiation pour stimuler la confiance pour des interactions coopératives entre des parties aux référents culturels différents. L’originalité et la pertinence sociale de ce projet sont appuyées par les constats des rapports de la Commission Bouchard-Taylor et de l’UNESCO qui font état d’un problème d’intégration des immigrants dans la société québécoise et en occident, où s’inscrivent des dynamiques de marginalisation, de discrimination, de racisme et de repli identitaire. Ce projet a le potentiel d’offrir des mécanismes pour améliorer le dialogue interculturel et contribuer à la pacification des relations entre une pluralité d’acteurs de la société en favorisant des interactions coopératives. La coopération est un principe fondamental de la médiation. Dans le contexte d’une médiation, la coopération des parties peut être définie comme « la volonté extériorisée par des comportements et des actes concrets d’agir avec autrui dans le but de régler un conflit ou de défendre des intérêts individuels ou communs » (Hountohotegbè, 2018 : 215).
Ce principe est codifié dans le Nouveau Code de procédure civile qui impose aux parties à un processus de médiation de coopérer activement dans la recherche d’une solution. Contrairement au procès, la médiation est un processus volontaire qui implique une relation d’interdépendance entre les parties. Celles-ci sont libres d’y participer, d’y mettre fin ou de conclure une entente. Les parties sont assistées d’un médiateur qui les aide à progresser dans le processus. Il ressort d’une recension de la littérature scientifique que la confiance est un élément central de la coopération en ce qu’elle diminue la crainte d’un individu d’être exploité par un autre, rendant ainsi la coopération moins risquée. Plusieurs études démontrent que les différences culturelles sont un facteur qui entrave la coopération et la confiance en matière de conflit. Cela s’explique par le fait que les individus ont tendance à être méfiants envers ceux qui sont différents d’eux-mêmes et à faire plus confiance à ceux qui leur ressemblent. Ces constats entraînent la question de recherche suivante: comment le médiateur peut-il adapter son intervention pour stimuler la confiance pour des interactions coopératives entre des parties aux référents culturels différents?
Au Québec, comme ailleurs, il n’existe pas de modèle de médiation interculturelle. Le modèle de médiation de référence est conçu pour stimuler la coopération de parties en provenance de la majorité ethnoculturelle. Un autre manque auquel ce projet entend pallier est que les médiateurs sont peu outillés pour stimuler la coopération des parties dans un contexte interculturel où les préjugés et la méfiance sont fréquents. La littérature sur la médiation interculturelle reflète principalement les intuitions et les façons d’agir de praticiens. Ce projet de recherche, interdisciplinaire par excellence, est susceptible de contribuer à la réflexion, encore embryonnaire, sur la médiation interculturelle en proposant de nouveaux modèles d’intervention pour stimuler la confiance de protagonistes aux référents culturels différents dans un objectif d’interactions coopératives. Il contribuera plus globalement au mieux vivre-ensemble dans la société québécoise et à une meilleure intégration des immigrants d’origines culturelles diverses.