Chercheur : 
Bergeron, Patrice

Établissement : 
Université Laval

Année de concours : 
2021-2022

Ce projet de recherche met en premier plan le religieux urbain québécois contemporain en explorant tout particulièrement sa part immatérielle. Si le développement urbain au Québec a accompagné la Révolution tranquille et modifié le rapport de nombreux Québécois avec leur « culture primordiale » catholique, il est aussi allé de pair avec une « transformation qualitative des rapports sociaux » qui mérite d’être étudiée davantage, notamment en lien avec le religieux immatériel dont une part importante se rapporte au christianisme.

L’hypothèse liée à cette recherche est que les croyances des chrétiens urbains (confiance en l’autre et en l’Esprit de Dieu au cœur du monde, espérance en l’avenir qu’ouvre la résurrection du Christ, etc.) contribuent à moduler la manière d’interagir avec l’autre au cœur des villes et des quartiers urbains québécois (collaborations sur des projets communs ou repli, fraternités ad intra et ad extra, etc.). Et c’est par le dialogue entre l’anthropologie et la théologie chrétienne que le projet entend explorer cette hypothèse et apporter un éclairage original sur le travail du « croire » au cœur des villes et des religiosités qui les animent, car ces deux disciplines sont différemment outillées pour étudier de manière critique les croyances et leurs enracinements.

L’objectif principal de cette recherche est d’interroger l’interrelation du croire anthropologique, de la socialité urbaine et du croire chrétien en s’intéressant aux aspects immatériels du religieux urbain québécois. De manière spécifique, il s’agit de 1) faire émerger les lignes de force d’une organisation proprement urbaine des croyances et des pratiques relationnelles chrétiennes; 2) identifier les principaux éléments d’une organisation urbaine du croire et de la socialité au plan anthropologique; et 3) identifier les principaux éléments théologiques d’une organisation urbaine du croire chrétien. Sur le plan méthodologique, c’est par une enquête sous forme d’entretiens semi-dirigés que cet objectif principal sera réalisé : 20 chrétiens québécois et 10 non-chrétiens québécois (autodéclarés tels) seront interrogés sur leur manière d’habiter la ville (liens tissés au cœur de la ville, lieux fréquentés, modalités des rencontres, etc.) et sur les croyances/convictions/motivations/aspirations que leur manière d’habiter leur ville mobilise (les représentations de l’inconnu et de l’invisible opérant sur le registre de la confiance/méfiance, notamment).

Cette recherche inédite sur la part immatérielle du religieux urbain québécois contribuera à apporter de nouvelles réponses aux grands défis de société en lien avec « l’émergence de la société asociale » et « l’érosion de la culture et de l’histoire » (CRSH 2018-2021) par une participation plus directe de la théologie systématique à la discussion savante.