Chercheuse : 
Violaine Ponsin

Établissement : 
Université du Québec à Montréal (UQAM)

Année de concours : 
2022-2023

Les produits chimiques manufacturés sont de plus en plus souvent détectés dans les eaux de surface et souterraines dans le monde entier et constituent une menace majeure pour la santé publique et les écosystèmes. Beaucoup de ces composés sont en totalité ou en partie dégradés par l’action de la lumière lorsqu’ils se retrouvent dans les eaux de surface (photodégradation). Le «chlorothalonil» et le «boscalide» sont deux fongicides toxiques fréquemment détectés dans les eaux de surface au Québec, pour lesquels l’importance de la photodégradation comme processus d’atténuation dans des conditions typiquement retrouvées dans les eaux de surface du Québec reste à étudier.

Les processus de dégradation sont difficilement identifiables et quantifiables via des approches conventionnelles basées sur des mesures de concentration, une diminution de la concentration n’étant pas nécessairement liée à une destruction des composés. De nouvelles approches sont nécessaires pour identifier les processus de manière unique et les quantifier, telle que l’analyse isotopique spécifique des composés, qui repose sur la mesure de ratios isotopiques au sein de la molécule, ou encore l’identification de produits de transformation spécifiques d’un processus de transformation.

Ce projet vise à développer un cadre méthodologique pour identifier et quantifier la photodégradation des fongicides «boscalide» et «chlorothalonil» dans les eaux de surface (approche isotopique, identification de produits de transformation), et à évaluer la pertinence de cette photodégradation comme processus d’atténuation (cinétiques de réaction, mécanismes de dégradation). Le premier volet de ce projet consistera à mettre en place le cadre méthodologique nécessaire : des approches novatrices seront développées pour suivre l’évolution des ratios isotopiques du carbone, de l’azote et du chlore dans les deux fongicides étudiés. Le second volet sera dédié à différentes expériences de photodégradation au laboratoire, en lumière naturelle simulée et dans des conditions hydrochimiques typiquement retrouvées dans les eaux de surface du Québec. Ces expériences permettront également d’évaluer la pertinence et la validité de ce nouveau cadre méthodologique.

Ce projet conduira non seulement à la mise en place d’un cadre méthodologique qui pourra par la suite être facilement élargi à de nombreux micropolluants, mais aussi d’améliorer significativement nos connaissances sur la transformation de contaminants omniprésents et toxiques dans les eaux du Québec. Ces outils de diagnostic et informations pourront par la suite servir au régulateur (par exemple l’inclusion de nouveaux produits de transformation dans les programmes de surveillance des ressources en eau).