Chercheuse : 
Lefrançois, Mélanie

Établissement : 
Université du Québec à Montréal (UQAM)

Année de concours : 
2021-2022

Les travailleurs.ses de centres hospitaliers de soins de longues durées (CHLSD) et de services de garde en milieu scolaire (SDGS) sont éprouvés par le contexte de pandémie actuel. Or, il s’avère que les problèmes soulevés par la crise sont chroniques. En particulier, les horaires atypiques contraints affectent directement la santé-sécurité au travail (SST) des travailleurs.ses en CHSLD et SDGS, incluant la conciliation travail-famille (CTF). Lorsqu’imprévisibles ou variables, ces horaires exacerbent des situations de vulnérabilité sociale liées au sexe/genre, âge, racisation, etc. Pour prévenir durablement et équitablement ces conséquences sociales et de SST, il faut repenser l’organisation du temps de travail et les pratiques de gestion associées dans ces emplois essentiels.

En ce sens, les systèmes favorisant l’implication des travailleurs.ses dans la planification d’horaires atypiques seraient positifs pour l’organisation et la SST. Or, les systèmes de planification d’horaires atypiques contraints sont souvent informatisés et visent une couverture optimale des opérations/services, où les travailleurs.ses sont des unités interchangeables. En revanche, la gestion quotidienne des horaires de travail (absences, retards, surcharge, etc.), hors de la portée des algorithmes et critique pour la performance organisationnelle, repose sur des pratiques informelles, tributaires de la qualité des relations employeurs-employés.

Peut-on améliorer les systèmes de planification d’horaires pour qu’ils traitent plus équitablement les intérêts des entreprises et des travailleurs.ses ? Une limite viendrait du manque de connaissances sur les pratiques de gestion quotidienne des horaires. Pour combler cet écart, nous soulevons la question suivante : comment l’activité de gestion quotidienne d’horaires atypiques interagit-elle avec la participation des travailleurs.ses aux dispositifs de planification d’horaires? Plus spécifiquement, cette étude intégrant l’ergonomie (analyse du travail) et la communication organisationnelle (analyse de réseaux sociaux) vise à : 1) comprendre les enjeux individuels, interpersonnels et organisationnels sous-jacents à la planification d’horaires atypiques; 2) identifier les stratégies relationnelles qui influencent la prise en compte du travail réel dans ce processus; 3) repérer les obstacles et leviers à l’implication des travailleurs.ses dans les décisions liées aux dispositifs de planification des horaires atypiques.

En partenariat avec deux syndicats, nous conduirons des observations du travail et des entretiens semi-dirigés auprès de 30 préposés.es aux bénéficiaires (CHSLD) et éducatrices (SDGS) ainsi que de 30 gestionnaires d’horaires (CHSLD/SDGS). L’analyse thématique des données d’entretiens et d’observations sera sensible aux rapports sociaux et de sexe/genre, et permettra de dégager les catégories interprétatives par rôle, par secteur, puis transversalement. Triangulés avec l’analyse de réseaux, les résultats cerneront l’activité de gestion quotidienne d’horaires atypiques contraints ainsi que les pratiques relationnelles à favoriser au sein de ce rôle clé. Ils alimenteront une réflexion paritaire sur des pratiques permettant de réduire les inégalités sociales et de SST au sein d’emplois «invisibles » mais essentiels. Une retombée attendue en gestion de la SST est d’analyser les dynamiques relationnelles en lien avec des problématiques de SST pour des solutions durables et équitables.