Chercheuse : 
Nancy Aumais

Établissement : 
Université du Québec à Montréal (UQAM)

Année de concours : 
2022-2023

La DJ et productrice de musique électronique Misstress Barbara évoquait récemment sur sa page Facebook le chemin parcouru depuis ses débuts et partageait un compliment souvent entendu au fil de sa carrière : « you’re pretty good, for a girl » (plutôt bien, pour une fille). Ce commentaire sexiste fournit un exemple des enjeux et défis auxquels font face les femmes en tant qu’entrepreneures, dans l’industrie de la musique électronique, un milieu majoritairement masculin. La littérature établit que les femmes demeurent largement sous-représentées dans l’industrie de la musique électronique, et ce, sur l’ensemble de la planète. La scène électronique canadienne n’échappe pas au phénomène alors que les données montrent que la représentation des femmes et des personnes non binaires dans les festivals de musique électronique était de 24,4% entre 2017 et 2019 au Canada. Pourtant, les femmes ne sont ni moins intéressées par la musique ni moins présentes sur les bancs d’école. En effet, la moyenne des diplômé.e.s des programmes de musique se trouvait dans la zone paritaire en 2015 selon l’Institut de la statistique du Québec.

Compte tenu de ce constat de la sous-représentation persistante des femmes et du manque de travaux sur les obstacles qui expliquent la persistance des inégalités, il apparait crucial de mieux comprendre les rouages de ce phénomène. L’objectif général de cette recherche est donc d’approfondir la compréhension des enjeux, problèmes et défis que rencontrent les DJ et productrices de musique électronique dans leur pratique et leurs activités artistiques et entrepreneuriales dans un univers traditionnellement masculin ainsi que des stratégies qu’elles déploient pour s’y tailler une place. Pour examiner le phénomène à l’étude, nous mobilisons une perspective de la pratique et un cadre intersectionnel, car l’atteinte de notre objectif de recherche nécessite de s’attarder au déploiement quotidien des pratiques. Pour ce faire, nous adoptons une stratégie de recherche qualitative de type ethnographique, ce qui permet de générer des données riches et détaillées, au plus près des interactions quotidiennes. Ce type de données est central au développement d’une meilleure compréhension des facteurs multidimensionnels qui informent le phénomène à l’étude. Cette recherche empirique prend donc la forme d’une ethnographie qui combine aux observations des entretiens non dirigés afin de recueillir les témoignages de trois participantes tout en les observant dans diverses situations quotidiennes qui permettront de contextualiser les données.

Sur le plan scientifique, cette recherche contribue à l’avancement des connaissances sur les traitements différenciés sur la base du genre dans le milieu de la musique électronique et s’inscrit dans une réflexion plus large sur les effets de ces inégalités dans l’ensemble des milieux historiquement masculins. Sur le plan pratique, elle répond à l’appel de nombreux organismes, comme ceux que nous avons précédemment cités, de favoriser une plus grande visibilité, égalité et inclusion des DJ et productrices afin de (re)donner sa juste place à leur contribution technique, artistique et intellectuelle dans l’histoire de la musique électronique.