Chercheuse : 
Vaillancourt-Morel, Marie-Pier

Établissement : 
Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Année de concours : 
2021-2022

Avec l’évolution rapide des technologies numériques, la pornographie est maintenant facilement accessible. Ainsi, l’utilisation de pornographie n’est plus une activité sexuelle marginale faisant maintenant partie intégrante de la sexualité d’une majorité d’individus, incluant ceux en couple. Il est donc alarmant de constater que les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de tirer de conclusion définitive quant aux effets possibles de la pornographie sur l’utilisateur, mais également sur le fonctionnement de sa relation de couple incluant sa sexualité. En effet, les synthèses des connaissances mettent en lumière la diversité des résultats obtenus jusqu’à maintenant, la pornographie ayant parfois des associations positives, parfois négatives, et la plupart du temps non-significatives avec le bien-être sexuel. Plusieurs lacunes méthodologiques des études actuelles limitent également les conclusions qu’il est possible d’en tirer, la plupart ayant utilisé un devis transversal au sein d’échantillons d’individus, limitant l’établissement de relations causales pertinentes et l’examen des effets de l’utilisation d’un individu sur son partenaire. Ainsi, il apparait primordial de développer des projets de recherche plus rigoureux sur le plan méthodologique tout en examinant dans quel contexte conjugal la pornographie pourrait avoir des effets néfastes sur la sexualité du couple. La théorie de l’incongruence morale suggère que les attitudes vis-à-vis la pornographie pourraient expliquer dans quel contexte la pornographie a des effets négatifs. Malgré l’omniprésence de la pornographie, les attitudes vis-à-vis cette activité sexuelle varient grandement. Ainsi, plusieurs individus utiliseraient la pornographie malgré leurs attitudes plutôt défavorables envers cette pratique. C’est dans ce contexte d’incongruence morale que la pornographie serait associée à des répercussions négatives. Cependant, la théorie de l’incongruence morale propose uniquement une vision intra-individuelle des attitudes et de la pornographie, alors qu’une proportion importante des utilisateurs sont en couple et que leurs comportements sont potentiellement en discordance avec leurs propres valeurs, mais également celles de leur partenaire.

Le rôle modérateur des attitudes de l’utilisateur et de son partenaire dans les associations entre la fréquence d’utilisation et le bien-être sexuel des deux partenaires n’a jamais été examiné. Ainsi, les objectifs du présent projet de recherche vise à (1) examiner la direction des associations entre l’utilisation de pornographie d’un individu et son propre bien-être sexuel ainsi que celui du partenaire; (2) examiner si ces associations sont différentes en fonction des attitudes entourant l’utilisation de pornographie d’un individu et de son partenaire. Le rôle modérateur du genre de l’utilisateur ainsi que de celui du partenaire seront également examinés. Une étude dyadique longitudinale à deux temps de mesure sur un an sera effectuée auprès de 300 couples de la population générale. Compte tenu des forces méthodologiques de ce projet, les résultats vont apporter une avancée significative des connaissances du contexte dans lequel la pornographie peut avoir des effets négatifs sur le bien-être sexuel des couples. Les résultats pourront être utilisés afin de sensibiliser la population canadienne et d’outiller les couples à mieux naviguer l’utilisation de pornographie au sein de leur relation, selon les valeurs des partenaires.