Responsable : 
Birgit Frauscher

Établissement : 
Université McGill

Année de concours : 
2021-2022

L’épilepsie peut toucher quiconque et affecte environ 300 000 Canadiens. Une part importante des patients ne répond pas aux médicaments antiépileptiques, leur seule option de traitement étant la chirurgie. Pour une chirurgie réussie, l’identification du foyer épileptique est essentielle. Actuellement, l’évaluation préchirurgicale repose sur l’enregistrement de crises, nécessitant des hospitalisations prolongées dans des unités spécialisées; ces séjours prennent du temps, sont dispendieux et peuvent générer des complications. De plus, seulement 40-50% des patients ne présentent plus de crises après la chirurgie, soulignant la nécessité d’améliorer les techniques de localisation. Enfin, plusieurs patients ont besoin d’électrodes insérées dans leur cerveau (EEG intracrânien) pour identifier le foyer, rendant l’évaluation préchirurgicale encore plus coûteuse, longue et invasive.

Les évaluations à base d’EEG emploient un arsenal d’outils qui pourraient permettre de réaliser un bilan préchirurgical en 24 heures. L’outil le plus prometteur pour l’évaluation EEG non-invasive est l’imagerie de source électrique à partir de l’électroencéphalographie à haute densité avec 256 électrodes. Des marqueurs potentiels découlant de l’EEG intracrânien sont basés sur l’enregistrement d’activité épileptique indépendante des crises. Ce programme de recherche propose d’ajouter de nouveaux outils aux marqueurs existants, puis d’évaluer l’ensemble de l’arsenal en utilisant des outils existants et nouveaux.

Je suggère de (i) traduire les marqueurs épileptiques identifiés dans l’EEG intracrânien invasif vers l’EEG non-invasif. L’enregistrement simultané de l’EEG intracrânien et de l’EEG haute densité nous permettra d’utiliser le signal intracrânien comme «vérité fondamentale» pour informer l’analyse EEG non-invasive, nécessaire pour discerner l’activité épileptique générée là où nous la voyons sur le cuir chevelu d’une activité réellement générée profondément dans le cerveau. Ce projet pourra potentiellement résoudre l’un des problèmes majeurs associés à la localisation de la source de l’activité épileptique. (ii) développer des valeurs neurophysiologiques normatives spécifiques à la région cérébrale. Alors que les marqueurs actuels se concentrent sur l’activité épileptique, ce projet identifiera des déviations par rapport à l’activité cérébrale normale. L’atlas MNIopeniEEG, un prototype multicentrique d’atlas EEG intracrânien développé par notre groupe, sera étendu. Plus précisément, nous établirons des valeurs EEG normatives sur une période de 24 heures, et explorerons si les écarts quantifiés par rapport à la normalité permettent d’identifier le foyer épileptique. (iii) développer des combinaisons de marqueurs EEG pour identifier le foyer épileptique, idéalement en 24 heures et indépendamment des crises. Nous validerons des combinaisons de marqueurs existants et développés en (i) et (ii) en utilisant des approches statistiques et l’intelligence artificielle. Nous évaluerons si la combinaison de marqueurs permet de mieux localiser le foyer et prédire l’arrêt des crises post-chirurgie comparativement aux marqueurs individuels, dont l’EEG prolongé nécessaire pour enregistrer des crises.

Ce programme de recherche développe de nouveaux marqueurs EEG indépendants des crises pour une investigation préchirurgicale plus précise, moins invasive et plus rapide. Ultimement, ceci améliorera la qualité de vie des nombreux patients souffrant de crises incontrôlées.