Chercheur :
Cardinal, Serge
Établissement :
Université de Montréal
Année de concours :
2021-2022
Studio Glenn Gould ? pour une transcription audio-visuelle de la musique est un projet de recherche-création inspiré par la pratique télévisuelle de Glenn Gould (1932-1982) : l’interprète virtuose, mais aussi le théoricien des techniques et des médias. La pratique télévisuelle de Gould est la proposition d’une pratique originale de recherche-création en musique ; elle esquisse des rapports singuliers entre les images en mouvement et les pratiques musicales (composition, interprétation, écoute, étude), rapports propres à déplacer nos modes de connaissance et d’expérience de la musique.
La recherche-création à la Gould, c’est une tentative d’atteindre à un intime entrelacement entre des pratiques : jouer de la musique, écouter de la musique, penser la musique. Une tentative de faire résonner leurs modalités : lire, voir, analyser, répéter, écouter, interpréter, montrer, partager ; tentative d’ouvrir un espace de rencontre entre leurs divers matériaux : sons, tons, voix, paroles, gestes, figures, images, opinions, affections, concepts ; tentative de constituer une communauté esthétique par raccordement des instruments : piano, microphones et caméras raccordés à la chaîne stéréo, à la radio, au téléviseur, tous ces éléments eux-mêmes raccordés au texte critique, à la conférence, à la classe de littérature musicale.
Les traits les plus originaux de la pratique musicale de Glenn Gould à la télévision dessinent donc un espace virtuel d’expérience de la musique où interprétation musicale, interprétation critique et plaisir esthétique du jeu ou de l’écoute, se reprennent et se relancent mutuellement. C’est cette reprise et cette relance qui deviennent les mouvements mêmes d’un processus de connaissance ou de constitution d’un savoir. Notre installation audio-visuelle voudrait tirer tout le potentiel méthodologique, esthétique et théorique de cet espace virtuel d’expérience. Par quels moyens y parviendra-t-elle ? Il faut d’abord se fabriquer une méthode : ce sera la transcription audio-visuelle de la musique. Il faut ensuite poser un problème : ce sera les différentes formes de l’espace qui participent de la composition, de l’interprétation et de l’écoute de la musique.
Il faut encore trouver un ensemble et un genre musicaux grâce auxquels mettre à l’épreuve cette méthode et explorer ce problème : ce sera le quatuor à cordes (qui est inséparable d’une mise en espace de la musique), et spécialement le Quatuor à cordes, op. 1, de Glenn Gould (qui, par ses allusions et son hétérogénéité, appelle la transcription). Enfin, il faut que tout cela trouve une configuration esthétique et, par cela même, une vertu heuristique : une installation pour quatre écrans (sur lesquels sont distribués les interprètes, mais aussi des formules théoriques, des fragments de partitions, des diagrammes, etc.), huit haut-parleurs (qui font entendre le Quatuor à cordes, mais aussi des régimes de parole qui vont de l’expression d’une sensation d’espace à la formulation d’une théorie esthétique de la spatialisation musicale) et un piano à queue Yamaha Disklavier augmenté d’une interface MIDI et donc capable de jouer de manière autonome, en parallèle ou en alternance, une transcription ou une réduction du Quatuor.